Lettre d’amour à ne jamais te remettre

Je sais pas quoi te dire quand tu me demandes comment ça va. J’ai envie de te répondre que je hurlerais dans ton appart jusqu’à m’étouffer, si je pouvais. Je hurlerais en continu au creux de ton cou pendant que tu me flatterais longuement le dos. J’aurais l’impression que tu serais découragé, mais tu soupirerais pour moi. Tu essayerais de prendre ma peine du bout des doigts comme on pincerait un voile.

Je voudrais te dire que je rêve de répondre par l’affirmative à ceux qui croient que l’on s’aime. En secret, j’ai le goût que tu me dédies la douceur de ton regard à l’occasion. Quand tu soupires, je songe à la mince éventualité que ce soit parce que tu me trouves trop belle.

Faudrait pas que tu saches combien de fois j’ai étampé ton sourire dans l’background de mes pensées pour m’endormir le soir. C’est comme si, la veille, j’épinglais une photo de ta face sur mon mur: je sais qu’en me réveillant au matin, ce sera l’image de toi qui commencera ma journée. Tout ça à défaut de pouvoir te dire combien je t’aime sur l’oreiller.

Imagine si je te disais, à chaque fois que je pleure, que t’es la première paire de bras dans laquelle je voudrais me réfugier. J’ai pas envie de te dire ces choses-là. J’aimerais pas que tu te sentes responsable de mes malaises, que tu culpabilises à l’idée de ne pas être là pour me supporter. Je ne voudrais pas devenir lourde pour la personne la plus précieuse à mes yeux. Jamais.

Alors je te réponds que ça va… puisque c’est le cas.

J’ai beau retourner ça dans un sens comme dans l’autre rien n’a jamais été aussi mieux que ce tout ce qui va bien en ce moment c’est-à-dire à peu près l’ensemble de tout mais dans cet ensemble tu n’es pas là et ce n’est pas pareil alors je perds la carte ainsi que ma ponctuation en me faisant croire que j’avais pas perdu ma tête ben avant de toute façon oui ce soir où je t’ai vu de mes yeux vus juste devant moi avec ta moue de rien du tout et tes longs cils jusqu’au bout du monde.

Je songe au nombre de textes encore à l’état de brouillon qui dorment chez-toi à ma place. Puis je me demande distraitement s’ils parlent trop d’amour comme les miens. La différence, c’est que ceux que j’ai écrits dans les derniers mois ont ton nom gravé dans leur noeud. Je serais franchement surprise si tu m’avouais que je me cache si régulièrement que ça dans tes propres .doc. Mais ça, je ne peux pas te le dire non plus.
De toute façon, qu’est-ce que tu ferais si je te disais que j’espère encore? On finirait par tourner en rond, tu t’excuserais, tu serais désolé, tu t’en voudrais presque de me laisser t’aimer en vain. Alors là, moi, je me sentirais affreusement coupable d’encore une fois m’étaler… aussi romantique tout ça puisse être.
À chaque occasion où tu me fais savoir que tu ne partages pas mes sentiments, j’essaye de trouver une échappatoire, une raison de me convaincre de continuer à y croire profondément. Tu es ancré quelque part où je réussis pas à aller te chercher et ce autant en moi qu’en toi. Pour un regard extérieur, je fais sans doute une bonne masochiste du love game. À l’intérieur, j’essaye d’être indulgente envers moi-même… comme tu me le conseilles toi-même si souvent.
Malgré tout ça, je cours après les brèches et les ouvertures, convaincue qu’il y en a une toute petite où glisser mes doigts, mais je sais que c’est la pire chose à faire. Je suis tétanisée à l’idée que ces tentatives ne t’éloignent de moi. C’est pourquoi je ne fais rien de plus. Je reste là et j’attends le jour où tu seras heureux avec une autre… parce que je ne peux sans doute plus t’attendre, toi.
Peut-être que ceci est la lettre d’amour que je n’aurais jamais voulu écrire. Tu sais, celle que l’on ne voudrait donner à personne parce que ça veut dire ce que ça veut dire: je sais que tu ne m’aimes pas. Enfin… si. Tu m’aimes, mais on sait tous les deux que tu ne m’aimes pas. On ne sait pas pourquoi tu ne m’aimes pas, mais on sait que tu ne m’aimes pas. Ah ça oui, on sait. Surtout moi, je sais.
Je prends le peine de me le rappeler au quotidien.
Surtout le soir après avoir invoqué de nouveau ton sourire dans ma tête.
Image via Filthyratbag

V-Day: LE RETOUR 💕💕💕

L’an dernier, j’ai pour la première fois détesté la Saint-Valentin pour vrai. Ce que je veux dire par là, c’est que cette « fête » m’a toujours titillé le cynisme, mais l’année passée, j’ai pleuré à chaudes larmes sincèrement. Ça, c’était définitivement inédit pour moi. Limite, c’était absolument opposé à mon caractère habituel. En temps normal, j’aime bien passer la journée à me moquer des cadeaux hors de prix que vous vous faites en vous minouchant et attendre silencieusement les rabais sur le stock Russel-Stover-en-forme-de-coeur-pas-mangeable chez Jean Coutu le lendemain.

Mais bon, à pareille date en 2017, je flottais encore un peu dans les eaux sauvages de la peine d’amour des six mois précédents. Je commençais tranquillement à émerger, telle la marmotte reconsidérant ses projets d’aller flasher son ombre. J’avais osé frencher de gauche à droite, me déshabiller une fois ou deux, mais sans plus. J’étais encore engourdie par les restes de ce qui n’existait plus.

Faque ben… j’ai braillé, criss. Toute. La. Journée. J’ai braillé avec un filter Snapchat qui me collait des lunettes roses dans face. J’pense que j’écoutais des tounes vraiment cheezy qui me rappelaient mon ex juste pour pleurer plus. J’étais en train de me purger sans vraiment l’avoir cherché. Tout ce que j’arrivais à me répéter, c’est que je trouvais la journée longue en esty. Je me suis donc donnée le droit de rester dans mon lit… pis de chiâler encore davantage. À la fin de la journée, mes cheveux étaient collés en pain chaque bord de mon visage bouffi par les larmes. J’pense que mes paupières étaient aussi flétries que la peau des doigts d’un plongeur chez Boston Pizza.

Savez-vous quoi? J’ai même un peu évité vos photos passionnées pis vos demandes en mariage thématiques (un peu d’originalité vous ferait pas de mal par contre, sérieusement… se fiancer un 14 février… c’tu une habitude prise depuis le Big Bang ou c’est moi qui hallucine…) parce que là, c’était pas du cynisme que je sentais chatouiller ma gorge, mais de la tristesse réelle.

J’ai pas envie de faire l’apologie de l’amour et du couple. J’ai pas non plus le goût de vous donner ma vision d’une relation parfaite. J’ai encore moins le temps de vous vanter les mérites du célibat parce que, franchement, on s’en calice de ça aussi. J’suis pas Jojo Savard: les déclarations mielleuses et chevaleresques sur les sentiments, je les laisse à d’autres pour cette Saint-Valentin. Un moment donné, on s’écoeure de s’faire sermonner par des gourous d’la relation fusionnelle ou par les éternel.les célibataires aigri.e.s par leurs propres désillusions.

Cette année, parlez-moi de vous. Dites-moi pourquoi vous vous aimez, c’que vous faites au quotidien pour vous aimer encore plus. Comment êtes-vous tombé.e.s amoureux.ses de vous? Comment était votre première date tout.e seul.e? Non mais calvaire, c’est tu si terrible que ça d’aller voir 50 Shades sans partner? Pantoute (mais j’te conseille un film moins moron qu’ça par contre). Au contraire.

Loin de moi l’idée de t’pousser à sortir le 14 février. C’que j’propose, c’est juste de s’en crisser. Ne te sens pas mal de te noyer dans tes larmes, mais fais pas non plus un guilt trip parce que t’es fan de roses rouges. Cette année, laisse-toi aimer (et être aimé.e) de la manière qui te plaît. Si ça doit être exprimé par le biais d’un diamant, ainsi soit-il, mais n’oublions pas qu’un murmure au creux de l’oreille suffit. Et si, pour toi, le dire est trop difficile, pose des petits gestes: fais la vaisselle pour tes colocs, mets la chanson préférée de ton/ta meilleur.e ami.e lorsqu’il/elle est avec toi, serre ton frère ou ta soeur dans tes bras…

Ou enroule-toi dans tes couvertures, ouvre Snapchat, choisis le filter le plus quétaine possible… pis regarde-toi brailler avec des p’tits coeurs roses qui flottent autour de ta tête. Ça fait toujours ben passer l’temps au moins.


 

[Image: screenshot du vidéo original, Snapchat filter, 2017]

L’amour au temps des fêlures (poème)

À mon grand brun, Frédéric Paradis.
Là où l’amour fait mal, il y a les mots.

L’amour au temps des fêlures
Là où les oiseaux de proie ont commencé à mourir
L’air vibrait contre des tympans fendus

Les mots doux ne suffisent plus pour endormir les ecchymoses
Et des cadavres exquis pourrissent à la frontière de la souvenance
La chaleur d’autrefois a laissé place aux trous des balles d’argent

Il hurle à la lune qui ne lui répond pas
Ses ongles auront lacéré ses cicatrices à peine refermées
De longues barres obliques rougeâtres le long de sa colonne affaissée

Il suffit de résister aux mâchoires d’acier trempée
Un mur s’est affaissé au pied du vague à l’âme
Les larmes aux commissures des lèvres, il arrache la nuit à son corps

Un silence fragile se dérobe sous ses pieds
Il ne tourne plus rien que les aiguilles des montres sans heure
La fausse promesse d’un rêve inachevé se balance sur une corde à linge mal tendue

Une pluie fine mouille ses lèvres closes
L’omniprésence de l’absence congèle ses veines bleuâtres
On accorde de la valeur à ce qui ne peut pas devenir

Soupir étouffé
Il ne crie pour personne
Un essoufflement s’écrase sur le sol détrampé

Il songe alors aux noyades qui n’ont jamais réellement lieu dans l’océan

 

 

Alix PV, point. (poème)

Devant ces quelques lettres, l’heure indécente me paraît tout indiquée pour parler d’elle.
Alix Paré-Vallerand est une source d’inspiration profonde, un être humain d’exception et un trésor qu’il fait bon chérir.
Je lui laisse ce poème. Juste à elle.
Au bout de ses dix doigts

Une mélodie familière se laisse désirer

Derrière son sourire rougi par autrefois

L’histoire se meut le long de ses hanches

La fulgurance de chacun de ses gestes

Ne laisse rien au hasard

Et sous son diadème naissent des poèmes

Aux accents aigus

Des femmes murmurent en son sein

Et hurlent aux mains tendues de les recevoir

En elle crève le silence

Ses jointures en blanchiraient presque

Tout son corps bat le rythme du vent

Et son rire d’aquarelle se renverse dans le fleuve assoupi

Pour mieux se perdre contre une joue patiente

C’est en l’imaginant peindre ses éclats de rire

Que tout devient oblique

Le monde attend qu’on le redresse

Avec grâce

Avec peine

Avec toute la rage du calme avant la tempête

La reine inspire profondément

Croise ses longues jambes

Et ne dit rien

Pourtant

La terre tremble sous les hommes fragiles

Poésie: Freckles & stuff

Je traîne tes taches de rousseur
Au fond de mes poches
Y plonge la main
Pour imaginer ton visage

C’est un autre ailleurs
Les dimensions hors des marges
Qui scrappent l’autoroute
Menant à ton drap contour

Tes cheveux dans nos bouches
Pour mieux étouffer mes cris
Je te mange le corps
En ton absence

Les pupilles bright
L’amour slack
Tu me râles au creux du cou
Nos douleurs enchevêtrées

Retourner mes pantalons
Pour vider des parcelles de toi
Sur mon oreiller cheap
Et me parler seule

Le printemps peut crever
De ces existences poignantes
Qui ne m’appartiennent pas
Sous ta langue je me déploie

Just like a pill
Droguée jusqu’au noyau
Mes poumons débordant
Des solitudes digérées

Tu as oublié ton reflet
Dans le miroir
De ma salle de bain
Il attend mes soupirs

J’agrippe tes miettes
Mémoire enflammée
Sur mon drap trop bleu
Je laisse passer l’air

Des filaments de ta voix
Font des noeuds coulants
Sur repeat
Autour de mes reins

J’abuse de la poésie
Pour la postérité
Au nom de la souvenance
En termes familiers

Pour t’imprimer
Sur ma peau
Contre mes os
Au fond d’un puits

Tu deviens alors
Le 11:11 que je murmurais

Poésie 5% d’alcool sur repeat – Toé

Okanagan dans le nez
Improvisation mixte
Mais être seule
C’est ainsi

Penser à toi
Entre deux gorgées
Tes vacances
Se poussent avec ta paye

Pis moi je regarde
Le ciel mourir
Et c’est ton corps
Qui s’imprime

Le regard contre ma rétine
Tu t’écrases dans mes souvenirs
Je te murmure des conneries
Tu voudrais que j’en dise davantage

Mais tu voudrais
Me foutre dehors
Une bière au cul
Et un coup de pied dans la mémoire

Le miroir
Renvoie nos deux vies
Comme d’infinies possibilités
Et je vomis pour rien

J’écris ceci
Avec ton visage
En tête
Je me rappelle

Je sais que tu ignores
Je suis convaincue que tu repousses
Tes draps
N’ont jamais eu mes plis

Je suis passée au printemps
Encore congelée
Par ma famille
Tu me cueillais

Next
Une autre saison
Encore plus de doutes
Tu me portes sur les ondes

Ceux qui savent
Ont la langue longue
Et bavent sur la table
Entre tes doigts

Tu me repousses
Contre les murs de toile
Et en diagonal
Pour me rappeler

Non il n’y a plus rien
Tu me hurles
Me résonnes
Au creux des reins

Seraient-ce tes doigts
Contre ma douleur
Ou le fantôme
De nos aurores

J’ignore sciemment
Ton souffle chaud
Contre ma joue rougie
Par tes doigts dans l’Fruit of the Loom

Je crie
Sur tes morts
Je hurle
Devant ton chest

J’écrase les mégots
De mon désespoir
Sur les cicatrices
De ton lendemain

Tu me mens
Devant un show plate
Esquisse une ligne
Pour m’empêcher de me perdre

Je ne suis rien
Que des souvenirs
Sur glace
Meurtrie par tes pupilles

Sur la table
Je m’égare
Sous tes ongles
Je survis

Te rappelles-tu
De ma voix
De mes soupirs
Cette mécanique en sourdine

Croises-tu les bras
Devant les autres
Meurs-tu un peu
Lorsque j’explose

Je te dédie
Ma petite mort quotidienne
T’imprime sur les lèvres
Mon requiem

Bête (poème)

Une petite bête agonisante à mes pieds
Son corps maintenant si frêle
Agité par les saccades d’une respiration laborieuse
Ses yeux fatigués par hier
Une de ses mains s’accroche mollement à ma cheville
Elle attend que je la prenne dans mes bras
Elle me supplie de ne jamais la laisser mourir
La force de son désespoir m’impressionne
Je l’entends geindre en sourdine
Elle étouffe sous le poids des souvenirs
Sa colonne semble se casser sous le couvert de mon regard
Elle ne devient que craquelures
Le trottoir se fendille au rythme de ses soupirs
J’ignore comment bouger
Si je dois l’achever ou la caresser jusqu’à sa fin
Si je dois attendre ou marcher dessus
Ou encore m’allonger à ses côtés
M’écraser contre son dos osseux
Et laisser mes veines durcir
Je pourrais la mettre au congélateur
La laisser mourir de froid
La savoir tout près
Dans toute sa tragédie
Un animal blessé au fond de ma cuisine
Comme un oiseau s’écrasant en plein vol
Dans une glacière
Je n’inspire plus de la même manière
Depuis que tu m’as dit
Que rien ne venait
Ma douleur comme une entité incongrue
Au visage pâle et aux doigts crochus
Une créature pleurant tout le jour
Pour s’épuiser d’elle-même
Pour déborder de toi dans ses fêlures
Vomir ton absence dans ses propres mains
Pour la ravaler autant de fois que possible
Parfois j’ose croire que je pourrais l’enterrer vivante
Et pourtant
Chaque matin
J’ouvre le cercueil à nouveau pour y jeter un oeil
Pour la bercer contre ma poitrine
Pour lui chuchoter d’infinis peut-être
Pour lui répéter que tu existes encore
Pour la rassurer
Pour lui décrire ton visage
Une fossette à la fois
Lui chanter longuement ton sourire
Et l’endormir avec ces mêmes mots
Que tu versais directement dans mes oreilles
En murmurant avant même que le soleil soit levé

Elle soupire d’aise en sachant pourtant qu’elle doit mourir dans sa boîte
La conscience claire que je ne puisse pas la laisser crever dans mon champ de vision
À moins de vouloir rougir ma robe

Fémimance – l’amitié profonde au féminin (poème)

Dans le cadre du lancement du OFF Fierté à La Korrigane le 22 juin dernier, moi et mon amie Marianne Sobraquès avons écrit et récité (les yeux dans les yeux) un poème à deux voix qui est une ode à notre amitié. Les hommes ont leur bromance et nous, on a notre fémimance. Ce texte tangue sur une fine ligne entre l’amour et l’amitié et fait état de la force du lien qui nous unit…
Pour ceuses qui nous auraient donc manquées, le voici dans son intégralité. Les passages écrits par Marianne sont ici en italiques!
Je la regarde du coin de l’oeil
Sous mes cils elle apparaît comme un mirage
De ces trésors que l’on attend plus
Ne parler que de nos frenchs antérieurs
Entre deux smokes pis du rhum

Ma Manu ma belle
Ma manu, ma nue, ma tout nue, ma too much
Ma fémimance ma glorieuse
Ma empowered ma partyhardeuse
Ma hashtag
Je t’aime plus que tous les hommes qui aiment ton cul
Même s’ils ont raison

Sa voix au creux de mon oreille
Cette promesse qui ne me quitte jamais
Profondément enfoui dans ma poche
L’amour que j’ai pour elle
Se traîne sur des kilomètres
Sans jamais s’essouffler

Je vais te bercer jusqu’aux bras de celui qui t’attend
Patiente en paix, j’ai assez de zénitude
Pour couvrir tous les jambons du monde
Hurle dans mes mains tant qu’il y aura
Du hurlage en dedans
Je te ferai des couvertures de poèmes avec

Ronronner sur son divan
Plus fort encore que son chat
Quand elle me prend dans ses bras
Pour faire mourir hier

Quand j’te vois y a des filles
Qui se touchent dans ma tête
Les arbres mentent jamais
Pis toi t’es un baobab
What you see is what you get
Pis t’en as pour la peine

Elle devient indélébile sur les pages
Que je laisse pourtant blanches
C’est en tremblant devant tout ce qu’elle a à dire
Que je n’ose plus parler
Pour mieux boire ses paroles avidement
Et me figurer comment j’ai pu vivre avant aujourd’hui

T’es ma mère fucking Noël
Parce que tu fais des bons biscuits
Pis que t’es un cadeau
Avec le strict minimum d’emballage
Pour avoir hâte de te déballer
En sachant déjà très bien ce qu’y a dedans

Il y a un poème à écrire
Dans chacune de ses crevasses
Ces mots que je relis sans cesse
Pour me remplir de douceur
Et déborder sur elle

J’fumais déjà des cigarettes quand t’es née
Mais elles goûtent pu pareil maintenant
Que je les ai partagées avec toi
T’es une boule miroir à 5000 facettes
Une robe à 5000 paillettes
T’es 5000 nuances de gris

Enfouie au fond de moi
Elle résonne en sourdine
Lorsque le jour est bleu

Tu me parles de tes amours
Comme si c’était des tablettes de chocolats
Tu actives tes ultrasons
Pis je fonds terrement
Je meurs de beauté de tendresse
Pis tu sais c’que j’veux vraiment dire

Quand j’te dis que j’aime ça
Quand les choses se passent avec toi

Gérer mes amours

Je suis en train d’essayer de comprendre des choses qui se comprennent pas du tout. Je suis encore en train de gratter le fond du fond. Je m’invente des raisons de chercher encore alors que je suis simplement sensée accepter que c’est comme ça que ça se passe. Je suis obligée de passer à travers mes sentiments et les vivre un à la fois en ne demandant rien d’autre à la vie que du temps.

Ça m’écoeure profondément. J’aime pas me languir alors que j’ai aucune chance, j’aime pas étirer ce qui pourrait être coupé depuis le début. Je déteste mon incapacité à passer à autre chose en me disant simplement:  »ne regrette pas que ce soit fini, mais sois heureux que ce soit arrivé ». Et si ça avait simplement jamais commencé vraiment? Et si on s’était seulement rencontré au mauvais moment? Et si c’était voué à l’échec dès le départ, mais que j’ai consciemment mis des oeillères parce que c’était ce dont je rêvais depuis longtemps? Alors là, on pourrait me dire que c’est ma faute et ce serait même pas faux. Au contraire: délibérément j’ai erré, j’ai fait des choix qui avaient des conséquences claires que j’ai sciemment ignorées et encore une fois, je m’en mords les doigts. Je m’effraye moi-même et même temps, j’imagine qu’on est tous un peu maso à notre manière. On aime tellement être aimé que l’on accepte d’en prendre plein la gueule s’il le faut.

 »Je suis bien avec toi », ça n’a jamais été une promesse, ça n’a jamais fait office de garantie, mais c’est une manière de dire  »je t’aime » à bien des égards et c’est à ce moment-là que je me mets à confondre toutes sortes de choses, à faire des amalgames improbables pour me sentir mieux, pour espérer encore, pour justifier mes sentiments.  »T’as de beaux yeux », c’est un simple compliment et non une demande en mariage ou une façon de dire qu’on me voudra encore dans un futur rapproché, mais parfois, y’a cette manière de le dire qui change tout, le regard qui vient avec, le ton de la voix et l’ambiance du moment qui me font douter… qui me donnent juste envie d’y croire. Je suis coupable d’aimer beaucoup trop et beaucoup trop vite.

Je ne suis pas une amoureuse compulsive, mais parfois, je réussis à me prendre à mon propre jeu. Je ne séduis que si je vois en l’autre quelque chose qui m’allume et non pour le simple plaisir de le faire. Je commence donc déjà avec un pas d’avance. De fil en aiguille, tout peut se passer tellement vite de mon côté que j’ai tendance à faire fuir l’autre. Si ce n’est pas le cas, je découvrirai assez vite que la séduction est une chose, mais les sentiments en sont une autre. Je ne développe pas toujours de l’amour pour l’autre, non, mais quand c’est le cas, ça y est, je suis partie… envers et contre tous. Ça, c’est effrayant, c’est perturbant, ça me fige presque.

Je suis fascinée par les humains qui m’apprennent à devenir une meilleure version de moi-même alors qu’ils me comprennent déjà et me trouvent déjà suffisante à la base. Ils sont précieux. Ils sont rares. Si j’ai l’extrême chance d’en rencontrer un que je trouve magnifique en plus, qui me rend fière, qui me saisit en silence, qui prend le temps, qui respecte toutes mes crevasses, qui me regarde comme personne d’autre, qui écrit, qui sait me charmer rien qu’en souriant et que plusieurs de ses valeurs rejoignent les miennes, c’est une autre histoire.

J’ai longtemps cru que ce ne serait plus le cas, que ce n’était plus possible, que c’était trop pour moi et j’ai été frappée de constater que j’étais à nouveau prête à me lancer parce que là, je suis amoureuse et je sais crissement pas comment gérer ça…

Planantitude

La musique planante qui m’rappelle de toé
Ma coloc qui m’demande comment j’fais
Pour parler autant d’ta face
 »Penses-tu qu’ça peut revenir? »
Rire jaune
 »Ah non jamais. Pas d’son bord. »
La voir me sourire d’un genre de compassion
Contenu dans ses beaux yeux interrogateurs
Pis dans sa moue bienveillante
Elle va s’coucher pis j’réfléchis
On s’connaît peu
Mais elle s’ouvre ce soir
Pis c’est beau

Chet Faker m’accompagne en background
Il a le sens de l’amour
Dans sa voix suave qui étire le tempo

On est tu tous perdus devant l’affection
On a tu tous abandonné avant l’temps
C’est comme si toutes les questions du monde
Avaient trouvé réponse dans ton regard
C’t’un peu embarrassant
Beaucoup plate
J’peux pu te demander c’que t’en penses
J’vois ton nom qui défile sur mon laptop
Pis j’appuie jamais sur send

T’aimais ma poésie
Qui est pourtant ben trop simple
Pis qui doit pas vraiment être si poétique que ça
Quand j’vois les autres doigts sur les claviers
J’ai honte de mes mots
Ils sont ordinaires et empreints de peu
J’ai pas grand chose à offrir
Faut ben l’admettre

Humble devant les coeurs qui soupirent
Non, je n’ai pas c’que j’désire
Personne me demande
C’est pas vrai
Tout l’monde le sait
Parce que j’dois avoir encore les mêmes étoiles qu’avant
Qui scintillent
Là où y faut pas

L’inspiration vient quand j’jase de toi
Pis au fond
J’sais que ça vient d’moi
Pis d’personne d’autre
Mes faiblesses prennent la main de mes forces
Les caressent langoureusement
Mais tu m’gardes fatiguée
Même si j’y pense même plus la moitié du temps
C’était avant ça
Là, c’est mieux
Je crois
J’espère

Brisée, mais ok
Comme un mantra qu’on s’répète
Pour éviter d’se fendiller davantage
S’construire sur les cendres du passé
Pour mieux enflammer le présent
Qu’y disent